Le dahlia revient de loin. Longtemps démodé, il n’y avait plus que quelques nostalgiques pour encore le planter. En Angleterre, il avait de plus reçu l’étiquette de plante de la classe ouvrière, et donc bannis de tous jardins se voulant de bon goût. A l’origine importé d’Amérique du Sud pour servir à l’alimentation humaine – ce qui ne me viendrait pas à l’esprit vu l’odeur médicamenteuse du tubercule – il avait surtout retenu l’attention des jardiniers par sa floraison et sa facilité d’hybridation. Jusqu’à l’excès malheuresement : des fleurs surdimensionnées, très doubles, la nécessité de mettre en place des tuteurs, sans quoi la plante offrait un spectacle pathétique un lendemain de pluie…
Pourtant le dahlia a énormément à offrir : une large variété de coloris qui couvrent presque tout le spectre à l’exception du bleu, une diversité dans les formes, un feuillage intéressant pour certains. En outre, on peut le planter dans les massifs, pour apporter une note de couleurs en fin d’été. Mais je préfère les associer aux légumes du potager, d’autant qu’on n’échappe pas à déterrer le tubercule après les premières gelées.
Caractéristique de cette renaissance, le dahlia ‘Bishop of Llandaff’ multiplie les qualités : une fleur simple, une croissance compacte qui rend tout tuteurage inutile mais surtout un superbe feuillage de fougère pourpre foncé qui contraste admirablement avec le rouge carmin de la floraison. Depuis, toute une série de « Bishop » a été développé, ‘Bishop of Dover’, ‘Bishop of Oxford’, etc.
Le renouveau du dahlia, c’est aussi un regain d’intérêt pour les variétés botaniques, un retour aux sources d’avant l’hybridation. J’aime beaucoup Dahlia coccinea, surtout le cultivar orange de Great Dixter que j’ai décidé d’ajouter au jardin cette année. D. merckii est très impressionnant, de par les trois mètres de haut qu’il atteint, avec des fleurs simples lilas. Pour autant, je ne le conseillerais pas en Suisse, sa période de végétation est très longue et il n’aurait pas le temps de fleurir avant les premières gelées.
Je ne renie pas pour autant les anciennes variétés. Dans mes préférées ‘Arabian Night’, de couleur rouge foncé tirant sur le noir ou ‘David Howard’, un orange vif contrastant avec le feuillage pourpre. Tous les deux sont à l’inventaire de la fondation Pro Specie Rara, qui gère des programmes de conservation de la biodiversité en Suisse. Moins connu, ‘Ellen Huston’ est l’un de mes favoris pour son coloris entre l’orange et le rouge.
Avec ma tendance pour la collectionnite, j’ai trouvé la pépinière pour satisfaire toutes mes envies : la National Dahlia Collection, en Angleterre, qui propose un assortiment unique et très vaste. Il livre au printemps par poste des boutures enracinées, un mode de multiplication moins connu – et moins cher – que la division du tubercule. Après un an, les boutures auront formé un tubercule, à stocker en cave pour l’année suivante. Et si vous aussi vous commenciez votre collection ?
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