Cercis canadensis ‘Forest Pansy’ © John Glover

Je discutais l’autre jour avec un ami de souvenirs de jardin. Je lui parlais entre autre du potager de ma grand-mère, de mes tentatives infructueuse de semer des pensées. A l’inverse, sa description relevait plus du cauchemar avec l’évocation d’une longue liste de corvées: tonte, taille… C’est bien la preuve de l’importance de l’entretien d’un jardin, afin qu’il reste un plaisir pour ses propriétaires.

Cette question doit d’ailleurs être prise en compte dès la conception du jardin, l’entretien étant aujourd’hui l’une des principales contraintes d’une composition. J’ai ainsi l’habitude de demander très vite à un nouveau client de me dire qui s’occupera du jardin une fois les travaux de réaménagement terminés. Si l’on dispose d’un jardinier, quelles sont ses compétences, en particulier ses connaissances horticoles ? Si c’est le client lui-même, quel est son intérêt pour le jardin et quel temps a-t-il à y consacrer ? Cela est d’autant plus vrai pour une maison de vacances où l’entretien ne pourra se faire que ponctuellement.

Contrairement à ce que certains affirment, le jardin sans entretien n’existe pas. En tout temps, l’homme a toujours fait partie intégrale du jardin, puisque c’est ce qui le définit. On doit plutôt parler d’aménagements demandant peu d’entretien. Prenons l’exemple d’un verger avec une prairie de fauche sous des arbres haute-tige, typique des campagnes suisses. Il faudra compter au moins une fauche annuelle avec évacuation du foin pour affaiblir les graminées au profit d’une diversité de fleurs et une taille des fruitiers si l’on veut obtenir des fruits. C’est un minimum.

Trop souvent à la construction d’une maison, il ne reste qu’un maigre budget à dédier au jardin et on se contente d’ensemencer un gazon et de planter une haie pour se protéger des vues. C’est à mon sens un mauvais investissement à long terme, au vu de l’entretien que cela requiert. Un gazon doit être tondu jusqu’à deux fois par semaine en été et une haie taillée deux fois par an, surtout pour les espèces vigoureuses choisies pour leur croissance rapide. D’un point de vue écologique se pose aussi le problème des « déchets » verts générés qui finissent malheureusement trop souvent en déchetterie.

Il n’y a pas de solution miracle, mais plutôt certains principes à suivre. Il convient par exemple de choisir des végétaux adaptées au condition du lieu – climat, nature du sol, exposition, etc. On privilégiera aussi des arbres et arbustes ne demandant pas de taille – cela aurait d’ailleurs tendance à les défigurer– comme les érables du Japon, les magnolias, le Viburnum plicatum ou le Cercis canadensis ‘Forest Pansy’. Ce dernier est idéal pour un petit jardin, avec une floraison printanière rose complétée par de sublimes couleurs automnales. On privilégiera les vivaces, au détriment des annuelles, sauf peut-être au abord immédiat de la maison où une floraison abondante est souhaitable. En conclusion, mieux vaut donc aller dans le sens de la nature plutôt qu’à son encontre.