Abeliophyllum distichum en fleurs
 
« There are few plants that are ugly. It’s how you use them that may not be pretty. »

De retour de Paris… Au détour de quelques rangements, je suis tombé sur une coupure de l’article du Wall Street Journal sur le jardin de Christian Louboutin d’où est extraite la citation ci-dessus. C’est plutôt le point de vue du paysagiste Louis Benech, son compagnon, qui transparaît ici. Une année passée à travailler à ses côtés et mes expériences personnelles ont radicalement changé le regard que je porte sur certaines plantes. Quelques exemples choisis.

Commençons par le thuya que tout le monde connaît. Viennent tout de suite à l’esprit la monotonie des haies monospécifiques qui sillonnent des quartiers entiers et, peut-être pour certains, le parfum acre qu’il dégage lors de sa taille. Le désamour est presque total. A l’inverse, laissé libre – et avec suffisamment d’espace – il se développe en un magnifique spécimen de forme conique, majestueux. Je me souviens très bien lors d’une visite à la Pinetum du jardin de la RHS à  Wisley, d’être tombé en admiration totale devant une telle surprise.

Autre exemple, le forsythia.  Son côté jardinet de banlieue, sa banalité, son coloris  que certains jugent criard, tout est au rendez-vous pour que les personnes de «  bon goût  » désapprouvent son utilisation, surtout quand, comble de l’horreur, le pauvre est taillé en boule. En outre, cette mauvaise taille affecte sa floraison, alors que c’est bien là son seul intérêt. Il fait partie de ces arbustes qui offrent une semaine de floraison, puis un feuillage monotone que l’on subit le reste de la saison, au même titre que le Syringa vulgaris,  le philadelphus ou les cerisiers à fleurs.  On pardonne cependant facilement au forsythia, sa floraison est vraiment la bienvenue en cette saison et quel plaisir réconfortant de ramener des rameaux en boutons à l’intérieur. Question taille, il convient de le tailler juste après floraison en rabattant complètement un tiers des branches les plus vieilles chaque année, vu que le forsythia porte ses fleurs sur les pousses de l’année précédente. Et bien sur on choisira de le placer dans un endroit où il saura se faire oublier le moment venu. Tout ceci est aussi vrai pour son cousin, l’Abeliophyllum distichum, à floraison blanche ou rose pour A. d. ‘Roseum Group’.

Je pense aussi à d’autres plantes moins connues. Le Morus alba ‘Pendula’ a l’air tout droit sorti de Disneyland. Et pourtant, par une taille appropriée de formation, il prend une forme colonnaire splendide, à utiliser par exemple en double alignement le long d’une entrée, à la manière de topiaires mais sans l’inconvénient de la taille. Et parmi les conifères nains ? Peut-on d’ailleurs penser à une plante plus démodée ? Vu chez Ralph’s à Paris – so chic –  des Chamaecyparis pisifera ‘Filifera Aurea’ dans de très beaux pots hauts, qui rapprochent prêt du regard la belle structure découpée de leur feuillage. Et le coloris jaune apporte une note de gaîté bienvenue dans une cour ou tout autre endroit un peu sombre.

Finalement, quid de ces quelques plantes « laides » ? Elles sont souvent le fruit de la main de l’homme, à l’instar du Thuja plicata ‘Atrovirens’ selectionné pour limiter sa taille mais qui restera malheureusement toujours prostré.